Les professionnels libéraux doivent relever des défis particuliers en matière de préparation à la retraite. Avec des revenus souvent fluctuants et un système de retraite particulier, il faut améliorer leur tactique d’épargne. L’articulation entre un Plan Epargne Retraite (PER) et un dispositif Madelin peut donner une option adaptée à leurs besoins. Cette combinaison permet de bénéficier des avantages de chaque produit en diversifiant les options de sortie à la retraite.

Caractéristiques et fonctionnement du PER pour les professions libérales

Le Plan Épargne Retraite (PER), créé par la loi PACTE en 2019, est un produit d’épargne donnant une souplesse bien supérieure aux anciens dispositifs. Pour les professions libérales, il est un outil attractif grâce à ses versements libres ou programmés, sa fiscalité avantageuse et la possibilité de choisir entre une sortie en capital, en rente viagère ou un mélange des deux. L’épargne est gérée selon un principe de capitalisation, investie sur les marchés financiers, ce qui peut favoriser une meilleure valorisation sur le long terme, notamment pour les jeunes professionnels disposant d’un horizon de placement étendu.

Le PER permet également des déblocages anticipés dans certains cas (comme l’achat d’une résidence principale ou une invalidité) et peut être alimenté par des versements volontaires, mais aussi par la participation, l’intéressement ou des jours de congés non pris pour ceux qui cumulent une activité salariée. Cette souplesse en fait un dispositif particulièrement adapté aux carrières mixtes ou évolutives.

Particularités du dispositif Madelin pour les indépendants

Le dispositif Madelin, quant à lui, est spécialement conçu pour les travailleurs non-salariés, dont font partie les professions libérales. Créé en 1994, il donne des avantages fiscaux du dispositif Madelin qui restent attractifs pour de nombreux indépendants. Voici les principales caractéristiques du Madelin : Cotisations obligatoires et régulières, déductibilité fiscale des cotisations du bénéfice imposable, sortie exclusivement en rente viagère à la retraite, plafonds de déductibilité particuliers et potentiellement plus élevés que le PER et garantie de taux minimum sur certains contrats.

Le dispositif Madelin repose sur la mutualisation des risques, donnant une certaine sécurité grâce à des placements souvent orientés vers des supports peu risqués. Son principal atout est la garantie d’une rente à vie, gage de stabilité mais contraignante pour ceux qui préfèrent disposer d’un capital. Il est un outil efficace de défiscalisation, adapté aux professions libérales recherchant discipline d’épargne et visibilité sur leurs revenus futurs.

Tactiques de combinaison PER-Madelin pour améliorer sa retraite

L’articulation entre un PER et un dispositif Madelin peut permettre aux professions libérales de bénéficier des avantages de chaque produit en minimisant leurs inconvénients respectifs. Voici comment ces deux dispositifs peuvent être combinés de façon optimale :

Répartition des cotisations entre PER et Madelin

Une tactique appropriée consiste à répartir ses cotisations entre le PER et le Madelin en fonction de ses objectifs et de sa situation fiscale. Par exemple, un professionnel libéral pourrait choisir d’alimenter son contrat Madelin à hauteur du minimum requis pour bénéficier de la déductibilité fiscale, puis placer le surplus dans un PER pour profiter de sa souplesse.

Gestion fiscale des versements PER ou Madelin

La gestion fiscale des versements est un aspect important de l’articulation PER-Madelin. Les plafonds de déductibilité étant différents, il est possible d’améliorer sa situation fiscale en jouant sur les deux tableaux. Le plafond Madelin peut être plus avantageux pour certains niveaux de revenus, alors que le PER se distingue par une plus grande souplesse dans la gestion des versements.

Arbitrage entre sortie en capital (PER) et rente (Madelin)

L’avantage de combiner PER et Madelin est la possibilité de diversifier les options de sortie à la retraite. Le PER permet une sortie en capital, alors que le Madelin garantit une rente viagère. Cette combinaison donne la possibilité de disposer d’un capital pour des projets particuliers en s’assurant un revenu régulier via la rente Madelin.

Avantages fiscaux comparés du PER et du Madelin

La comparaison des avantages fiscaux du PER et du Madelin est importante pour améliorer sa tactique d’épargne retraite. Chaque dispositif a des particularités qui peuvent être plus ou moins avantageuses selon la situation du professionnel libéral.

Déductibilité des cotisations du revenu imposable

Tant le PER que le Madelin donnent la possibilité de déduire les cotisations du revenu imposable, mais avec des nuances importantes :

  • PER : déductibilité plafonnée à 10% des revenus professionnels, limitée à 8 fois le PASS
  • Madelin : plafond plus élevé, pouvant aller jusqu’à 15% de la fraction du bénéfice comprise entre 1 et 8 PASS

Cette différence de plafond peut rendre le Madelin plus avantageux pour les professions libérales ayant des revenus élevés. Cependant, le PER permet une souplesse supplémentaire en permettant de choisir chaque année si l’on souhaite déduire ou non ses versements.

Taxation à la sortie : rente ou capital

La fiscalité à la sortie est un point important dans la comparaison entre PER et Madelin :

Dispositif Mode de sortie Fiscalité
PER Capital Imposition du capital selon le barème de l’IR, plus-values soumises au PFU
PER Rente Imposition partielle selon l’âge de liquidation
Madelin Rente exclusivement Imposition selon le régime des pensions de retraite

La possibilité de sortie en capital du PER peut être avantageuse pour ceux qui souhaitent disposer d’une somme importante à la retraite, alors que la rente Madelin garantit un revenu régulier mais potentiellement plus taxé.

Influence sur la flat tax et le prélèvement forfaitaire unique (PFU)

Le PER est un avantage particulier en ce qui concerne la fiscalité des plus-values en cas de sortie en capital. En effet, ces plus-values sont soumises au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30%, ce qui peut être plus avantageux que l’imposition des rentes Madelin, notamment pour les contribuables fortement imposés.

L’articulation entre PER et Madelin permet donc de jouer sur ces différents tableaux fiscaux pour améliorer sa situation à la retraite. Par exemple, un professionnel libéral pourrait choisir de percevoir une partie de son épargne en capital via le PER pour bénéficier du PFU sur les plus-values, en conservant une rente Madelin pour assurer un revenu régulier.

Gestion de patrimoine et transmission pour les professions libérales

La gestion patrimoniale et la transmission sont des aspects importants pour les professions libérales dans le cadre de leur préparation à la retraite. L’articulation entre PER et Madelin peut jouer un rôle notable dans ces domaines.

Clause bénéficiaire du PER ou contrat Madelin

Le PER et le contrat Madelin diffèrent dans leur méthode de la transmission :

  • PER : possibilité de désigner librement un bénéficiaire en cas de décès, avec des avantages fiscaux potentiels
  • Madelin : options de réversion plus limitées, généralement au profit du conjoint survivant

Cette différence peut être déterminante dans la méthode de transmission patrimoniale. Le PER donne une plus grande souplesse, permettant par exemple de transmettre un capital à ses enfants, alors que le Madelin est davantage orienté vers la protection du conjoint.

Insertion dans la démarche globale de succession

L’insertion du PER et du Madelin dans une démarche globale de succession nécessite une réflexion poussée. Le PER peut être utilisé comme un outil de transmission patrimoniale grâce à sa clause bénéficiaire souple, alors que le Madelin s’inscrit davantage dans une logique de protection du conjoint survivant.

Il faut coordonner ces dispositifs avec d’autres éléments de la méthode successorale, tels que l’assurance-vie ou les donations. Par exemple, le PER pourrait être utilisé pour transmettre un capital aux enfants, alors que le Madelin assurerait un revenu au conjoint survivant.

Utilisation du PER comme outil de défiscalisation ponctuelle

Le PER a un avantage exceptionnel en termes de défiscalisation ponctuelle. Contrairement au Madelin qui impose des cotisations régulières, le PER permet d’effectuer des versements exceptionnels pour réduire son assiette imposable une année donnée. Cette souplesse peut être particulièrement utile pour les professions libérales ayant des revenus irréguliers ou bénéficiant d’une entrée d’argent exceptionnelle.

L’utilisation du PER pour des opérations de défiscalisation ponctuelle peut réduire la pression fiscale lors d’années à forte rentabilité, en préparant avec succès sa retraite.

Cette caractéristique du PER en fait un outil complémentaire idéal au contrat Madelin dans une démarche globale de gestion patrimoniale pour les professions libérales.

Cas pratiques d’articulation PER-Madelin selon les profils

Pour mieux savoir comment articuler concrètement un PER et un dispositif Madelin, examinons trois cas pratiques correspondant à différents profils de professions libérales.

Médecin libéral en début de carrière

Un jeune médecin libéral de 32 ans qui débute son activité, avec un revenu annuel de 70 000 € et un taux marginal d’imposition de 30 %, souhaite préparer sa retraite en conservant une certaine souplesse. La tactique qui lui est proposée consiste à ouvrir un contrat Madelin avec des cotisations minimales et à compléter par un Plan Épargne Retraite (PER) alimenté par des versements libres. Ses versements pourraient être répartis à raison de 70 % sur le PER et 30 % sur le Madelin. Il profiterait ainsi de la déductibilité fiscale offerte par les deux dispositifs, en privilégiant une gestion pilotée sur le PER afin de bénéficier du potentiel de croissance à long terme.

Cette combinaison lui permet de sécuriser une partie de son épargne grâce au Madelin, en adaptant librement ses versements sur le PER en fonction de l’évolution de ses revenus.

Avocat associé proche de la retraite

Un avocat associé de 58 ans, avec un revenu annuel de 180 000 € et un taux marginal d’imposition de 45 %, se rapproche de la retraite. Son objectif est de maximiser rapidement ses droits à la retraite en améliorant sa fiscalité. La tactique envisagée consiste à conserver son contrat Madelin avec des cotisations maximales et à ouvrir un Plan Épargne Retraite (PER) alimenté par des versements importants afin de profiter pleinement de la déductibilité fiscale. Une répartition de 60 % sur le Madelin et 40 % sur le PER permet d’équilibrer sécurité et souplesse, tandis qu’une gestion prudente sur le PER est privilégiée en raison de l’horizon d’investissement limité.

Au moment du départ à la retraite, la combinaison d’une rente Madelin, garantissant un revenu stable, et d’une sortie partielle en capital du PER, donnant des liquidités pour ses projets, lui permet de bénéficier d’un dispositif équilibré, à la fois sûr et souple.

Expert-comptable avec revenus fluctuants

Une experte-comptable indépendante de 45 ans, dont les revenus moyens s’élèvent à 90 000 € mais varient fortement entre 70 000 € et 120 000 €, doit préparer sa retraite en tenant compte de cette instabilité. Avec un taux marginal d’imposition oscillant entre 30 % et 41 %, la tactique consiste à conserver un contrat Madelin avec des cotisations régulières et modérées, complété par un Plan Épargne Retraite (PER) plus souple. Les versements sur le PER peuvent être ajustés : limités lors des années à faibles revenus et maximisés lors des années plus favorables pour améliorer la déduction fiscale. Une gestion pilotée équilibrée est privilégiée, avec un réexamen de la tactique tous les trois à cinq ans.

Cette méthode permet de combiner la stabilité du Madelin et la souplesse du PER, donnant ainsi un dispositif adapté aux revenus fluctuants et aux objectifs de long terme. Elle illustre comment professions libérales et indépendants peuvent tirer parti de la complémentarité entre ces deux produits pour construire une épargne retraite sur mesure.